Bernard Alfandari, PDG de l’entreprise familiale Resistex (il est le petit-fils du fondateur), entreprise industrielle de matériel d’éclairage, a illustré comment un projet mené avec le personnel de l’entreprise, permettait d’affirmer le lien entre « Ethique, Responsabilité et Rentabilité ».
Alternant le ton de la provocation et les arguments de bon sens, il nous a d’abord affirmé son souci de rentabilité lorsque, il y a quelques années, il met en œuvre une stratégie d’efficacité énergétique et d’éco-conception. Puis c’est « l’engrenage » – avoue-t-il : démarche de qualité environnementale, avec une certification 14001 par étape, adoption de la « mode RSE », et puis… « cela a commencé à vibrer ».
Le salarié et les parties prenantes arrivent alors au cœur des préoccupations :
On évite de faire des CDD à tout prix, par respect pour l’humain et pour l’investir dans le long terme ; on essaie de tenir le rythme d’un recrutement par an ; on adopte bien évidemment le principe de parité même s’il frise avec « green washing » ; on collabore avec les ESAT et les prisons pour intégrer la prise en compte du handicap et la réinsertion ; un 14e mois récompense le non absentéisme ; on met en place un « principe de signalement de situations de difficulté » pour pouvoir aider les personnes à identifier et résoudre leur problème ; on offre un support de coaching à la totalité des salariés ; et, au plus fort des mesures innovantes, on supprime la mission de « Directeur des Ressources Humaines » pour distribuer la gestion des « Richesses Humaines » à chaque Directeur de Service.
Mais se tourner vers le social et sociétal n’est définitivement pas une démarche d’humanisme, cela reste une démarche « Win / Win / Win (pour : l’entreprise / le salarié / la société) :
La responsabilité que le chef d’entreprise engage sur le risque social est parfois inadmissible et les actions sociales sont aussi un moyen de prévenir ce risque. Le travail sous-traité aux ESAT et prisons donne des produits de grande qualité dans une logique de flexibilité ; et surtout, quelle meilleure preuve de l’importance du pilier économique que la proposition faite par l’équipe de management à son dirigeant d’un Business Plan où les perspectives de croissance sur 6 ans frisent les 50% !
A l’issue de cette présentation, l’hésitation des auditeurs de la conférence est perceptible : comment considérer le fait de récompenser les pères qui renoncent à leur congé de paternité ? le principe de signalement est-il admissible ? et cette démarche, qui semble lier l’énergie au travail et un fort stress positif, ne peut-elle pas aussi avoir pour effet un risque de « Burn out » ?
Le débat qui suit alors montre que le succès est au rendez-vous parce que ce sont de vraies valeurs, portées par l’entreprise et son dirigeant, qui fondent l’ensemble des actions.
La Gouvernance de l’entreprise fait une large part à la démocratie, basée sur l’impulsion d’un mouvement par le chef d’entreprise, sur une grande part d’initiative et de concertation des salariés et sur la représentativité des Délégués du Personnel.
L’équité à tout prix apparaît comme un principe de base.
La relation est basée sur le mode émotionnel, à partir d’authenticité, de plaisir, de respect mutuel et de sincérité, ainsi que sur un certain paternalisme, justifié par l’histoire de l’entreprise.
Enfin, la reconnaissance individuelle est un ressors puissant : la vidéo élaborée comme outil de communication interne en est le meilleure exemple.
Odile Collin
Secrétaire de l’EthiClub Sophia Antipolis
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