Avec 230 participants, le public fut effectivement au rendez-vous pour comprendre avec des spécialistes de la « finance durable »- venus spécialement à Valbonne pour commenter le film et surtout répondre aux questions – ce que devient les économies de l’épargnant moyen confiées aux banques.

Salle archi comble donc pour découvrir ce qu’est l’ISR: Investissement Socialement Responsable, qui devrait garantir la qualité éthique des placements sur le Livret de Développement Durable.

Qu’en est-il réellement? Comment et où le particulier peut-il s’informer? Quel rôle peut-il jouer pour infléchir les tendances spéculatives de la finance internationale mais pas seulement internationale ? Existe t-il des banques « éthiques  » ?

M. Michel Lemonnier, responsable Développement ISR Groupama Asset Management, explique que « la crise » n’en est qu’à son début car elle s’est simplement déplacée vers les fonds souverains (ceux des Etats), mais que rien n’a été fait pour endiguer la spéculation et le pouvoir insolent des banques. La crise financière actuelle connaîtra d’autres avatars…

Il est impossible pour un particulier de savoir vraiment  où est placé son argent car la transparence n’existe pas ce domaine et qu’il est extrêmement compliqué d’expliquer simplement la constitution des fonds.

M. Jacques-Noël Bouttefeux-Leclercq, responsable Commission Entreprises Amnesty International 2000-2006, détaille le travail de son association sur l’activité des entreprises, afin de rendre public la responsabilité de celles-ci dans les violations des Droits de l’Homme partout dans le monde et de  convaincre les banques d’abandonner le financement de projets désastreux pour l’environnement, les populations ou encore la fabrication de munitions illégaux, etc…

Au cours du film, plusieurs exemples de projets contraires à tout principe de Développement Durable, de Droits de l’Homme, mais financés par nos banques nationales sont montrés et ils continuent à se développer comme la construction d’une centrale nucléaire en milieu à fort risque de tremblements de terre en Europe Centrale !

M. Bouttefeux-Leclercq a réagi très positivement à une question de la salle concernant le fait qu’il faille former les jeunes et même les enfants aux questions économiques et financières car l’éducation et la connaissance sont un rempart aux abus possibles des organismes financiers.

M. Jean-François Descaves , Président et Directeur Gestion Financière de Champlain, recommande donc au particulier de poser des questions à son banquier car celui-ci est très sensible à son image. Répondant à une question sur l’initiative d’E. Cantonna (vider son compte en banque), il pense que les banquiers ont eu peur de la réaction du public mais il souligne la difficulté de choisir un placement éthique par le phénomène « d’oligopôle » dans presque tous les domaines économiques: les grands secteurs économiques sont entre les mains de 2/3 entreprises: l’énergie, les carburants, l’alimentation, la distribution… Ceci expliquant la faiblesse des placements éthiques; environ 10% dans le meilleurs des cas des placements « Développement Durable », tout le reste étant composé des valeurs du CAC 40!

Les fonds éthiques représentent environ 50 milliards d’Euros sur les 570 milliards des fonds français, c’est à dire une goutte d’eau dans l’océan des valeurs proposées par les banques.

Le temps courre, les questions fusent réclamant des réponses un peu longues car la finance est un domaine complexe…

Même si l’animateur de la réunion a tenu a souligner qu’il ne fallait pas regarder que les progrès restant à faire mais aussi ceux déjà accomplis en particulier par le travail d’organisations puissantes comme Amnesty International mais aussi plus modestement par EthiCum, les conclusions seraient globalement pessimistes: rien ne change, l’argent ne va qu’aux riches et la transparence n’existe pas, si ce n’est que l’ensemble des experts présents se rejoignent sur l’unique banque qui garantie l’éthique de ses placements (non investis donc dans les entreprises du CAC 40), il s’agit de LA NEF.

Son représentant bénévole pour les Alpes Maritimes, M. Jacques Décams, remarque que la crise a nettement augmenté l’intérêt des épargnants pour la Nef, bien qu’elle ne dispose pas de la force de frappe publicitaire des banques classiques.

La plupart des spectateurs ne connaissaient d’ailleurs pas cette « société coopérative » qui propose des fonds ISR. Elle est engagée en ce moment dans un projet de création d’une banque éthique Européenne, au service du développement humain.