Ci-après quelques articles
ou extraits de conférence…
NdR: Il se peut qu’au fil du temps les idées comme la sémantique aient pu évoluer…
Aucune copie totale ou partielle de ces textes ne peut être faite sans accord formel de l’auteur
Février 2010
Janvier 2008
Juin 2006
La déshumanisation de la Société
Entreprise éthique: mystification ou démarche sincère ?
Licenciement éthique ?
Février 2010 – Conférence
La Déshumanisation de la Société
Ce jour d’automne 2009 où j’ai appris qu’une 25ème « Orange Pressée » s’était pendue dans son arrière cuisine je n’ai pu m’empêcher d’avoir un « choc » qui m’a amené à une réflexion plus globale sur notre Société.
Il s’agissait là d’un employé d’une grande Entreprise de télécom, mais le même genre de drame se produit dans d’autres entreprises privées mais aussi dans des entreprises du service public, en particulier du service de l’emploi, un comble !
Qui se souvient, s’il l’a seulement su, de la catastrophe humaine sur fond de dilapidation de centaines de millions d’euros ou de dollars de la fin des années 90 générée par la fameuse « Nouvelle Economie » et sa foire aux Start-Ups NTIC, en particulier à Sophia-Antipolis ? Là déjà ou encore : dépressions, divorces, tentatives de suicides, etc.
Même si ce papier est d’abord une réflexion personnelle, qui n’engage que son auteur, il convient de dire que cette folie collective fut largement à l’origine de la création de l’Association EthiCum.
EthiCum a en effet dès l’origine posé la question « Et l’Homme dans tout ça? » car ses membres fondateurs étaient concernés par des questions d’éthique d’entreprise mais au-delà et entre autres, par la place de l’Homme dans le monde économique.
Monde où aujourd’hui plus que jamais des gens se suicident pour leur travail ou à cause de leur travail quand ils ne font pas « seulement » une dépression nerveuse, tout cela avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer pour eux-mêmes et leur famille. Mon « pour eux-mêmes » étant quelque peu superfétatoire en cas de suicide…
Monde où l’on ferme des entreprises et où l’on met des employés sur le carreau – ça fait longtemps que les mineurs de notre pays n’y sont plus – tandis que des milliers de Maliens croyant aller au Paradis par les chemins de l’enfer du désert et puis sous la menace du trident de Poséidon s’échouent sur nos Côtes – quand ils y arrivent – pour se retrouver avec des Afghans dans des jungles calaisiennes ou des centres de rétention.
La question primordiale en amont étant de faire en sorte que ces immigrants n’aient plus de raison économique ou de sécurité de fuir leur pays d’ailleurs… mais ce n’est pas le débat ici.
Ceci posé, nous sommes dans un Monde où il conviendrait de remettre de l’humain là où il n’y en a plus, comme des pompistes dans les stations services, des poinçonneurs dans celles du Métro, plutôt que d’y mettre dans ces dernières des Agents de sécurité avec leurs chiens ou des caméras de surveillance dans les premières pour alimenter un Big Brother qui n’a rien de fraternel et alors que les statistiques du chômage nous rappellent chaque jour le nombre de « sans-emploi ».
Il y a aussi du travail à faire pour remettre de vraies personnes qui donnent de vraies informations quand on décroche le téléphone plutôt que de devoir jongler avec toutes les touches du combiné: numéros, étoile et dièse, pour s’entendre dire au bout du compte de rappeler ultérieurement car tous les Agents sont occupés !
Pour autant qu’il y ait un Agent ? Et si oui, qui ? Un Ali qui se fait appeler Alain ?
Et si oui, où ? Dans un joli bureau de nos provinces ou une obscure officine du Maghreb ou du sous-continent Indien ?
Employé avec des droits ou tâcheron sous payé ?
Pour revenir au combiné du téléphone a-t-on noté que parfois la touche qu’il faut presser pour obtenir un opérateur est la touche « zéro » ? Tout un symbole: Touche zéro, degré zéro d’humanité! Et Opérateur plutôt que Conseiller qui de toute façon est une sorte de robot qui débite des phrases toutes faites, souvent hors propos, mais les plus longues possibles pour faire tourner le compteur à euros.
A-t-on perçu que ce système s’applique aussi à des services dits sociaux qui facturent les appels au prétexte de pouvoir améliorer le service…
Quel service ? Dans 9 cas sur 10, vous obtenez pour tout conseil que celui d’écrire ou de passer au Bureau concerné pour y faire la queue pendant des heures afin qu’un employé non formé puisse vous remettre un document à remplir et renvoyer, ce pour obtenir 2 ou 3 semaines plus tard, par un courrier laconique, les informations que vous auriez pu avoir en quelques minutes… au téléphone par quelqu’un de compétent parce que formé.
Hommes et femmes robots au téléphone ? Nous sommes cernés de robots et de bornes:
A la gare, pour acheter un billet mais ensuite pour le composter soi-même, sous le regard attentif d’un ou plusieurs vigiles.
Ne serait-il pas plus simple et convivial de faire valider son ticket par un contrôleur ? Pourquoi pas un « Senior » voire un handicapé léger ? Mais il est vrai que le Vigile, là comme dans les galeries marchandes, est probablement en sous-traitance, ce qui permet d’employer des immigrés dans les conditions que des reportages ont clairement montrés.
Robots et bornes encore à la banque pour déposer des chèques, retirer et remettre de l’argent, pour autant que vous ayez une carte idoine car, faute de carte, dans certaines agences, vous ne pouvez même plus déposer des espèces ! Les technocrates experts en déshumanisation de la Société sur fond de rentabilité ont inventé une banque où vous ne pouvez plus déposer votre argent à un être humain, enfin un guichetier…
Robots et bornes self-service toujours, à La Poste, service public, où l’on s’excuse presque de déranger le guichetier, celui encore là, derrière sa vitre blindée, si l’on a besoin d’un formulaire d’envoi en recommandé.
Guichetiers préposés aux tâches qui n’ont pas encore pu être automatisées, tandis que voilà belle lurette que les facteurs ne boivent plus un café avec les gens à qui ils distribuent le courrier puisqu’ils se « contentent » de jeter rapidement les lettres dans des boîtes standardisées installées parfois à plusieurs dizaines de mètres des habitations.
Automates encore aux caisses des grandes surfaces, au péage d’autoroute…
Faut-il parler des radars qui verbalisent automatiquement et souvent stupidement, nuit et jour, quelques soient les conditions de circulation ? Et quand bien même des gendarmes en chair et en os sont postés au bord des routes, ils ne sont plus là pour vous siffler pour « vitesse excessive non appropriée aux conditions de circulation » que vous étiez sensé apprécier en utilisant votre bon sens et votre sens des responsabilités que le gendarme posté était amené à vous rappeler en en profitant pour vous faire un cours de morale mais désormais tapis au fond d’une voiture banalisée, ces invisibles pandores vous verbalisent grâce à un radar automatique et la seul trace d’une probable présence humaine est la « prune » que vous recevez quelques jours après avec un numéro matricule mais bien sûr pas de nom…
Faut-il encore parler des chefs de rayons de la grande distribution dépossédés de leur responsabilité de passer des commandes lesquelles sont désormais établies par un ordinateur qui centralise tout de façon mécanique pour ne pas dire imbécile, laissant pour toute responsabilité aux dits chefs de rayons le soin de surveiller le travail des « Equipiers », petites mains payées au SMIC qui remplissent au mieux les rayons avec ce que l’ordinateur a bien voulu commander.
Que dire des Travailleurs pauvres, ces gens qui vivent pour travailler sans gagner assez d’argent pour vivre; que dire des SDF – parfois des cadres qui ont perdus leur boulot à 50 ans et sont donc « trop vieux » pour travailler – qui ne trouvent pas un abri décent; que dire des « Beurs » qui sont payés au noir et des « Blacks » qui ne se font pas de beurre en effectuant des travaux insalubres et pénibles pendant que des traders en chemise blanches empochent des millions de Dollars de bonus par des opérations « à risque ». A risque pour qui ?
Traders: robots humains formatés à cracher du cash devant une myriade d’écrans en spéculant avec des monnaies et produits dématérialisés…
Et l’Homme dans tout ça ?
Nous finissons par être anesthésiés, insensibilisés, nous sommes prisonniers d’un système où l’Homme disparaît, avalé par un Moloch qui s’appelle « progrès technologique » dont l’œsophage est tapissé d’un suc digestif qui dissout toute capacité de jugement et celle de se révolter contre l’absurde ?
Comment rester « humain » quand l’éthique individuelle et la morale collective sont broyées dans un maelström d’outillages qui font disparaître les relations humaines « vraies », celles de la convivialité et de cette fraternité gravée au fronton de nos mairies ?
Il ne sert à rien d’être des révolutionnaires – car par nature une révolution ramène toujours au point de départ même après avoir pendus des bourgeois à la lanterne ou cassé des icônes – mais chacun peut et sans aucun doute doit être un inlassable questionneur et « proposeur ».
Questionneur des autres, mais avant tout questionneur de soi-même, car s’il est commode de s’en prendre au « Système », auquel au demeurant nous appartenons, que proposons-nous en conscience pour que la Société soit et reste « humaine » ?
Trop tard… le progrès (*) est en route dit-on !
Non il n’y a pas de fatalité.
Utopie que de vouloir remettre de l’Humain là où il n’y en a plus ?
L’Utopie n’est pas ce qui n’est pas réalisable, c’est ce qui n’est pas encore réalisé.
(*) NB: Pour ceux que ce « pamphlet » – qui n’a rien de « politique » sauf à ce que l’on revienne à l’étymologie de ce mot – leur laisserait penser que je suis pour le retour de la lampe à huile voire un partisan de la décroissance, je les invite à dialoguer en direct avec moi pour mieux me connaître… S’ils ne sont pas convaincus je leur poserai cette question:
Peut-on penser progrès technologique en pensant en même temps et sur un pied d’égalité, progrès de l’humanité ou même Progrès de l’Humanité ?
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Janvier 2008 – Article www.lepanoptique.com
Entreprise éthique: mystification ou démarche sincère ?
Ethique – Entreprise – Sincérité – Intentionnalité – Responsabilité
L’éthique en général, et l’éthique d’entreprise en particulier, se trouve désormais au centre des discours mais aussi des réflexions et de plus en plus au cœur de l’action dans le monde de l’entreprise. Toutefois, certaines entreprises utilisent avant tout la notion d’éthique dans le cadre d’une stratégie de communication avec des arrières pensées marketing et une absence de sincérité en totale contradiction avec le message qu’elles veulent faire passer.
L’Association EthiCum est née en 2002 de la volonté de quelques responsables de milieu socio-économique d’identifier et de récompenser des entreprises qui mettaient la dimension humaine au cœur de leurs préoccupations. Dans l’après foire aux entreprises de la Nouvelle économie avec ses gâchis financiers et surtout ses conséquences humaines désastreuses, EthiCum voulait indiquer la voie de l’exemplarité par un trophée remis à des entreprises de toutes tailles et activités.
Au départ de ce projet de trophée, il était question d’éthique en entreprise puis finalement, il fut question d’entreprise éthique. Là résida sans doute l’erreur. Avoir cru qu’une entreprise ayant intégré des principes éthiques dans son fonctionnement et son développement suffisait à l’identifier comme « entreprise éthique » s’avéra hélas procéder d’une grande naïveté !
Être une entreprise éthique pour la communication et non pour l’exemple
Certaines des entreprises qui ont concouru ont bien compris l’intérêt qu’elles pouvaient retirer à se faire estampiller « entreprise éthique ». Cet étiquetage s’inscrivait dans leurs actions de communication et de marketing pour développer leur notoriété et partant, leurs affaires. Parfois aussi pour se construire ou reconstruire une image inexistante ou détériorée en confondant « business ethics » et éthique business. Ce qui était compatible avec l’idée initiale de reconnaissance des « meilleurs » avec le bénéfice de la présomption de bonne foi, a pu être perverti.
Développer une « démarche éthique », même au travers d’un souci exprimé – au demeurant louable et respectable – d’être socialement responsable vis-à-vis de ses « parties prenantes » a semblé pouvoir exonérer certains dirigeants d’une clarté sur leurs intentions réelles qui ne se sont finalement pas avérées sincèrement « éthiques ».
L’éthique d’entreprise : d’abord un choix individuel de son dirigeant
L’éthique d’entreprise s’inscrit dans la liberté personnelle d’agir et dans les choix d’abord individuels du principal dirigeant. Se fondant sur des valeurs qui se veulent collectives et si possible, universelles, avec celle primordiale, d’une volonté d’être au service de l’homme, du « bien commun » et de la société dans son ensemble, au-delà des intérêts de l’entreprise et, bien sûr, des siens ou d’une seule de ses parties prenantes.
Partant de cette idée, une personne morale ne peut donc en tant que telle exercer ce type de choix qui appartient exclusivement à des personnes physiques et en particulier aux chefs d’entreprise et à eux seuls. Ces chefs d’entreprise doivent porter et exprimer clairement les valeurs reflétant leurs intentions véritables et leurs engagements qui se vérifieront, à terme, dans leurs faits et comportements, et non pas seulement en termes de management et de fonctionnement de l’entreprise.
Cela sous-entend-t-il qu’un chef d’entreprise qui voudrait que son entreprise devienne « éthique » doive en négliger les intérêts dans une sorte d’ « angélisme philosophique » déconnecté des réalités ? Bien sûr que non !
Ethique et profit ne sont pas contradictoires
Tout comme il ne sert à rien d’être en bonne santé si l’on est mort, une entreprise non profitable, et donc sans capacité de développement, est vite hors jeu et ne sera pas éthique bien longtemps. De plus, la démarche éthique dans laquelle une entreprise est engagée par la volonté et le volontarisme de son dirigeant est porteuse de valeurs y compris économiques.
Il peut donc tout à fait être approprié de dire « ethic pays » mais il y a éthique et éthique, la différence essentielle se faisant dans l’intentionnalité autour du « pourquoi » j’agis ainsi et non du « pour quoi » je fais cela, le « pour quoi » en deux mots étant tourné vers l’action ou le résultat, le « pourquoi » en un mot étant tourné vers la réflexion, l’intention (sincère), la motivation (réelle), ce qui n’est pas du même ordre et fait d’ailleurs la différence entre un management qui veut s’afficher « responsable » et celui qui se veut sincèrement « éthique ».
Peu de chefs d’entreprises, grandes, moyennes ou petites ont compris que faire ce ‘grand écart’ apparent entre démarche éthique et profits indispensables, entre morale sans moralisme et développement nécessaire n’était ni douloureux ni dangereux mais au contraire un exercice bénéfique de réflexion. Il constitue également un challenge permettant d’ajouter au bon sens entrepreneurial une volonté de « donner du sens » à son engagement d’entrepreneur et/ou de dirigeant. Le retour sur investissement va bien au-delà du simple et pur avantage économique même s’il doit aussi être économique.
Les chefs d’entreprises qui ont compris la dimension et l’intérêt d’entamer une démarche éthique sont encore minoritaires mais les choses évolueront comme ce fut le cas pour la qualité. Les chefs d’entreprises qui s’engagent dans une démarche éthique sincère sont les pionniers du développement économique responsable et durable. Ils pourront former une élite de leaders dont la double particularité sera qu’ils seront identifiés comme éthiques mais aussi comme humbles, ce qui ne veut pas dire faibles, car il faut se souvenir que « humble » prend sa racine étymologique dans « humus », cet « humus » qui permet le développement d’arbres solidement enracinés et qui fournissent les plus beaux fruits.
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Juin 2006 – Editorial de « Les Brèves d’EthiCum »
Vous avez dit licenciement éthique ?
Depuis la création d’EthiCum, la question revient souvent:
Est-il éthique de licencier du personnel ?
La question serait mieux posée ainsi: peut-il être éthique de licencier ?
En l’occurrence, la préoccupation ‘éthique’ est d’abord de savoir « pourquoi » le licenciement est opéré et ensuite « comment » le licenciement est opéré.
Et si le « pourquoi » est la sauvegarde de l’existence de l’entreprise, alors « oui », il peut être éthique de licencier surtout si cela se fait en toute transparence, avec un dialogue social sincère, et que toutes les dispositions légales sont respectées et que les conditions de licenciement sont les meilleures possibles.
Sans oublier que si un chef d’entreprise licencie c’est qu’originellement il avait recruté, dans une période plus faste et dans une dynamique socialement responsable.
Une entreprise n’est donc pas éthique ou non-éthique, encore moins de façon ponctuelle, elle exprime une volonté d’être éthique qui doit s’inscrire dans la durée et conforter sa pérennité, ceci devant s’accompagner de mesures parfois difficiles, voire apparemment paradoxales.
Ne pas l’accepter c’est refuser le principe de réalité qui doit habiter un Chef d’Entreprise lequel, par ailleurs, a le devoir de respecter les aspirations légitimes de ses parties prenantes, en particulier ses employés.
L’éthique est une démarche, un comportement global, pas une accumulation de faits.